Exceptionnels vestiges, les moulins à vent comme les moulins à eau sont autant de témoins d’un passé presque révolu.
Les tout premiers moulins ont été mis en service en 1642 lors de l’essor de la canne à sucre et des habitations à vocation sucrière que l’esclavage favorisait.
Ils utilisaient la traction animale (bœufs, chevaux, mulets).
Au début du XVIIIe siècle, on pouvait dénombrer 190 moulins à traction et 90 moulins à eau. Quelques décennies plus tard, les moulins à vent se généralisaient dans l’industrie sucrière plus particulièrement en Grande-Terre mais aussi à Marie-Galante plus rarement en Basse-Terre.
D’environ 5m de diamètre et de 8 à 10m de hauteur, ils furent bâtis de moellons de calcaire (tuf) sans enduit mais avec quelquefois pour liant du “sirop de batterie”. Dos aux vents dominants pour l’entrée principale, les mécanismes de broyage aux solutions technologiques diverses, les poutraisons soutenant planchers et toitures ayant montré par leur variété, les évolutions intervenues et l’originalité de certaines réalisations.
Aujourd’hui, ils jalonnent routes et chemins, semblant regarder onduler les cannes sous l’alizé, goguenards au passage des derniers attelages de bœufs et aux camions se dirigeant vers les uniques usines sucrières de Gardel et de Grand Anse sur la “galette”. Deux ou trois moulins à vent ont été aménagés, quelques uns protégés ou préservés. Arbres et végétation les squattérisent et quelques figuiers maudits, comme pour le moulin de l’Anse Duquery sur la trace de la Grande Pointe à Trois-Rivières, les vampirisent tout en les soutenant dans une étreinte de "mante religieuse".
Au début du XVIIIe siècle, on pouvait dénombrer 190 moulins à traction et 90 moulins à eau.
Les mécanismes broyeurs de canne étaient entraînés par des bœufs ou des mulets tournant en rond sur une aire aménagée à cet effet. Plus tard, la machine à vapeur est venue supplanter ces attelages et améliorer le rendement du broyage.
Les distilleries et les sucreries utilisent les moulins à canne à sucre, entrainés de nos jours par des machines à vapeur sauf la distillerie Séverin dont la roue à eau est la seule encore en usage en Guadeloupe.
On les trouve aussi dans des musées, au centre d’un rond-point sur la N1 à Petit-Bourg, chez des particuliers, quelquefois et trop souvent abandonnés et recouverts de végétation, près d’un hangar ou à proximité d’une vieille maison ou case délaissée... quelquefois aussi loin de toute trace d’habitation tant la forêt a repris ses droits.
Les moulins à canne ont retrouvé une nouvelle vie sous un petit format, à l’arrière de camionnettes ou au carrefour de deux grandes artères. Là, le jus de canne est préparé pour les clients qui attendent que la manivelle ait tourné pour eux.
Tous sont des messagers tentant en vain de montrer aux automobilistes pressés ou aux piétons et randonneurs indifférents combien leur sort pourrait être un jour semblable au leur...